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MISSION 1
27 juin 1944 France
ouais j’ai pas posté la lettre précédente avec ces réaffectations et réorganisations, on s’est trimballés au gré de l’avancée du front, et je l’avais oubliée dans mon barda. Tu as donc le double à lire, j'espère que t'as du temps frérot.
Ce matin on est allés faire du nettoyage, et je suis pas mécontent d’avoir tapé sur les potes d'Adolf. Et ette fois pas de parachute entre eux et moi !
Depuis quelques jours le groupe se sentait plus à l’aise, comme si les caisses et les entrepôts avaient été une bonne thérapie. Le sergent et le caporal nous ont vite remis en place également. Ils sont comme nous, leurs unités ont été laminées durant le D-Day. Ils étaient du côté d’Omaha beach si j’ai bien compris, et j’ai entendu dire que ça a chauffé sérieux là bas.
On avait envie de repartir à la baston, ne serait-ce que pour les copains que l’on avait laissés derrière.
Ce matin le sergent nous a dit que des opérations d’ouverture de routes pour les divisions blindées allaient avoir lieu dans les prochains jours. En fait elles avaient déjà commencé depuis plusieurs jours.
Dans notre secteur, il y avait un pont à sécuriser sur une route vers le sud. Le premier groupe parti ce matin, était rentré bien amoché, avec plusieurs gars manquant à l’appel ; ils avaient dû faire face à des tirs de snipers et des MG embusquées.
Lorsque le sergent a appris que le QG voulait ce pont coûte que coûte, il s’est immédiatement porté volontaire.
Nous avons eu alors un briefing avec les gars du matin. Là, le sergent a décidé de nous diviser en 2 groupes et de passer à travers les champs, plutôt que de suivre la route sur sa longueur.
On suivrait un couvert fourni par ces grosses haies qu’ils appellent ici « bocage », et on essaierait de prendre en tenaille les bâtiments près du pont où se planquent les snipers et les MG.
Je suis parti dans le groupe A avec le sergent ; Taylor était dans le groupe B avec le capo.
L’approche s’est faite sans souci jusqu’à la route, nous l’avons traversée pour nous mettre à l’abri dans les fossés, et là nous avons trouvé un des gras du groupe du matin. Il en avait pris une bonne dans la jambe, mais il avait réussi à se mettre à l’abri. Le sergent a décidé de le laisser là pour le reprendre après l’opération..c’est ce que j’aurais fait également…
Au bout du fossé, nous avons vu apparaître les bâtiments, et là 2 boches en train de tranquillement renforcer leur position avec des planches et d’autres trucs.
On te les a arrosés copieusement, ils n’ont même pas eu le temps de riposter !
Nous nous sommes précipités dans le bâtiment prêts à fracasser toutes les MG du Reich…mais rien ! Rien d’autre que les 2 gars que l’on avait descendus.
Toniazzi, ce putain de rital, commençait déjà à danser la polka pour fêter la victoire..mais quelques bonnes rafales nous ont plaqués au sol. On a mis quelques minutes à repérer les tireurs, mais ça venait à priori de l’autre côté de la rivière.
Le sergent m’a dit d’y aller en les contournant, en suivant le cours de la rivière, ils me couvraient.
Et j’y suis allé frérot….
Putain, je leur ai déboulé sur la tronche, ils n’ont rien compris…. 2 fritz qui n’ont canardé tranquillement planqués dans les sous-bois. Le premier qui m’a vu a de suite levé les mains et balancé son arme ! J’ai pensé « alors ça fait ça quand la cavalerie arrive »….
Mais derrière, le deuxième m’avait mis en joue et ne semblait pas gêné par les tirs de couverture de mon groupe. J’allais lui loger une bonne bastos, mais j’avais beau appuyer sur la gachette de mon M1, rien ne sortait, et je commençais à voir un rictus évocateur sur le visage du gars en face.
Batch ! son rictus s’est effacé avec la balle qu’il venait de prendre…merci le sergent !
Il m’avait en fait suivi en soutien, et son M3 ne l’a pas trahi !
Ben me voilà avec un prisonnier dans les pattes mon grand ! Et un M1 à regraisser !
Le sergent ne m’a même pas parlé, il m’a juste fait signe de ne pas bouger.
Effectivement, derrière le bois ça tapait fort. C’était le groupe B. Ils sont tombés sur 2 groupes embusqués mais avec un feu nourri, ils se sont occupés d’eux. On y a par contre laissé le caporal…
Le groupe B nous a rejoint ensuite près du pont, au point de rencontre alpha, et ils avaient chopé un officier allemand. Oui mon gars, et celui-là on va le faire cracher pour qu’il nous donne le plan de l’autoroute jusqu’à Berlin !
On commençait à se dire que les mecs sur leurs Shermans allaient pouvoir nous laisser quelques boutanches pour leur avoir dégagé la route, mais le sergent nous a vite remis en place.
Il y avait encore un bâtiment plus loin sur la route à sécuriser, et il fallait au moins établir une position dominante sur les collines un peu plus loin… Le job n’était pas terminé.
Alors que l’on avançait dans les bocages qui longeaient la route vers ce petit bâtiment, nous avons entendu un gros fracas. De l’autre côté de la route, un de nos appareils venait de s’écraser. Le sergent nous a fait signe de continuer vers le bâtiment.
Il était vide mon gars ! Les schleus et leurs MG, disparus !
Le sergent m’a alors envoyé voir vers l’appareil vérifier l’état du grabuge.
Avant d’arriver sur l’épave, alors que je distinguais qu’il s’agissait d’un typhoon, j’ai pu voir Bertold qui sortait le pilote de la carlingue en flamme. Ils ont heureusement réussi à se mettre à l’abri avant l’explosion.
On s’est tous retrouvés au bâtiment près du pont, pour un debriefing. Le sergent a calmé notre joie en nous rappelant que Crick, le caporal, n’était pas là.
Nous avons quand même ouvert cette putain de route, et on a ramené les deux blessés, le gars du fossé et le pilote ainsi que nos 2 prisonniers. On nous appelle les bons samaritains maintenant au sein de la compagnie !
Bon, frangin, je vais me coller au plumard, je ne sais pas ce qu’ils nous préparent pour demain.
Bien sûr ne raconte rien de tout ça à maman ; je ne veux pas qu’elle ait peur.
Bart
PS : le gars que nous avons récupéré dans le fossé est du Kentucky lui aussi !
et en images ça donne ça:
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